Contes et légendes

Votre spectacle Contes et légendes fera-t-il l'objet d'une recréation au Domaine d'O ?

Joël PommeratContes et légendes a été créé en novembre 2019, nous l'avons ensuite tourné jusqu'au premier confinement du mois de mars 2020. Nous l'avons repris en septembre 2020 lors de la réouverture des théâtres et, depuis que tout s'est arrêté, le spectacle a de nouveau été mis sur pause. Les représentations au Domaine d’O marqueront la reprise pour nous. Il y aura un travail d’échauffement à réaliser - comme toujours quand on s'arrête longtemps, mais sans plus.

Comment est composée votre équipe artistique ?

Neuf femmes et un homme au plateau, et une équipe technique de six personnes.

Quels sont les grands thèmes et la structure de la pièce ?

C'est une succession de fragments indépendants du point de vue narratif, de brefs instants de vie. Ces fragments d'histoires sont reliés entre eux par les thèmes de l'enfance et de l’humanité artificielle. Plus concrètement, ces histoires racontent la coexistence entre de jeunes gens et leurs compagnons androïdes très ressemblants aux humains.

Ces humanoïdes/androïdes sont-ils incarnés au plateau ?

Les robots sont interprétés par des comédiennes.

Pourquoi tant de femmes dans votre distribution ?

En faisant des recherches, des rencontres pour constituer mon équipe, et travailler sur l’enfance et l’adolescence, c'est avec des comédiennes que j'ai réussi à mener au mieux ce travail.

Comment se croisent le thème de l'enfance et celui de l'humanité artificielle ?

C'est une question que je n'ai pas cherché à résoudre tout de suite. Les robots sont apparus au cours de la recherche, un peu par hasard, sans préméditation. Le fil que j'ai trouvé intéressant à tirer était celui d'une humanité artificielle qui serait comme une enfance, dans les premiers pas de sa propre histoire. Bien sûr l’axe commun entre l’enfance et l’humanité artificielle, c’est la construction. J’ai aimé faire le parallèle entre construction « mécanique » du robot et construction culturelle et sociale du jeune humain. C'est la confrontation entre ces deux sortes d’êtres « fabriqués » qui est devenue le centre de la pièce, avec en perspective les notions de Vérité et de Nature.

L'enfance est un thème qui vous touche beaucoup...

Il y a beaucoup de choses importantes à raconter, mais il y a surtout des choses qu'on aime mieux raconter que d'autres, dans lesquelles on se sent bien et avec lesquelles on arrive mieux à entrer en contact. Par moments, il faut savoir écouter ces sensations-là. Il y a aussi que l'enfance est finalement peu traitée concrètement au théâtre. Peut-être à cause de la complexité. Faire jouer des enfants au théâtre, c'est très difficile. Au cinéma c’est sans doute plus simple... Au théâtre on doit « fabriquer », « reconstruire », partir du faux pour aller vers le vrai. J’aime cette démarche.

Quelles ont été vos différentes recherches ou productions depuis la dernière fois que nous vous avons vu au Printemps des Comédiens avec Ca ira ?

J'ai fait trois spectacles en collaboration avec un groupe de détenus de la Maison centrale d'Arles, des spectacles qui sont en train d’être recréés à l’extérieur, avec une partie de l’équipe venant d’être libérée. J'ai également participé à la création de deux opéras, Pinocchio et L’Inondation. Je viens de finir le scénario d’un film.

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Propos recueillis par Mélanie Drouère, 28 mai 2021, Marseille.

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