Comme un persistant Printemps
Il est des lieux qui semblent faits pour le rêve, l’ailleurs, l’émotion qui gagne le promeneur au détour d’une allée, le spectateur au claquement d’une réplique… Le Domaine d’O est de ceux-là, à la fois allées cavalières, roseraie, oliveraie, pinède, broderie de buis, rêverie pour promeneur pas toujours solitaire… Et théâtre… Théâtre au printemps quand l’amphi résonne des vers de Tartuffe ou des imprécations de Peer Gynt. Théâtre à l’automne quand s’allument les chamarrures d’Arlequin aux flancs de la salle de bois clair où veille, éternellement tutélaire et bienveillante, l’ombre de Jean-Claude Carrière.
Théâtre toute l’année donc. Et musique aussi. Car il n’y aura pas de morte saison pour le rêve, pour l’émotion au Domaine d’O : en atteste cette double direction où le directeur artistique du Printemps des Comédiens devient aussi celui du Domaine. Certes il n’y aura pas en novembre ou en janvier ce côté guinguette sous les pins où s’épanouit le festival montpelliérain, devenu le deuxième de France. Mais on trouvera dans la programmation quelque chose de cette exigence – souriante, toujours souriante - qui est la marque du Printemps. Comme ces thèmes de symphonie qui, sotto voce parfois mais toujours présents, irriguent toute une œuvre
Exigence souriante… Et éclectisme aussi : peu de programmations qui réunissent autant les genres, les âges, les publics que celle du Printemps. Morceaux choisis de la saison qui vient où se croisent les grands noms du théâtre et ceux qui le seront. Molière, euphorique et juvénile sous la direction de Robert Cantarella, arpentera le parc, comme en écho lointain des fêtes de Versailles. Jacques Weber jouera le Roi Lear, monstre sacré dans une pièce monstre. Alain Françon, illustre metteur en scène pour une illustre pièce, attendra Godot. Shakespeare et Marlowe, à travers les textes éclatés de Roméo et Juliette pour l’un, d’Edouard II pour l’autre, se feront face. Angélica Liddell, passionaria qui consume les planches, placera son introspection sous l’extravagante tutelle de Wagner et du torero Juan Belmonte. Joël Pommerat reprendra l’admirable travail de théâtre fait avec des détenus. Instagram la numérique et la scène de chair et d’os confronteront les images qu’elles produisent sous l’égide de Marion Siéfert et de Jeanne Dark. Jean-François Sivadier dans Sentinelles bâtira à nouveau entre théâtre et musique ces ponts qu’il aime tant. Les boulimiques de scène du Nouveau Théâtre Populaire reprendront le Tartuffe, Dom Juan, Psyché déjà donnés en une folle nuit au Printemps des Comédiens…
Comme un symbole, cette reprise, avec beaucoup d’autres images, beaucoup d’autres notes. Un symbole de ce kaléidoscope qui fait de cette saison automne-hiver du Domaine d’O comme un persistant Printemps.
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Jean Varela
Directeur artistique du Domaine d'O
Thierry Négrou
Directeur du Domaine d'O
Prochainement
En attendant Godot
Mercredi 12, jeudi 13 et vendredi 14 avril
20h00 | Théâtre Jean-Claude Carrière
Dix ans après une mise en scène mémorable de Fin de partie au Théâtre de l’Odéon, Alain Françon reprend un autre grand classique de Beckett, dans une version inédite. Basée sur les derniers écrits du dramaturge irlandais, ce Godot tire de la langue beckettienne toute sa quintessence.
Ne pas finir comme Roméo et Juliette
Mercredi 19, jeudi 20 et vendredi 21 avril
20h00 | Théâtre Jean-Claude Carrière
En revisitant les thèmes de la tragédie shakespearienne, La Cordonnerie livre une fable poignante, interrogeant une société qui marginalise certains individus. Un voyage poétique magistral, à la croisée du cinéma et du théâtre.
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