L'Esthétique de la résistance est un roman cruel et mélancolique. Il ne raconte pas seulement, sur près de neuf cent pages, les défaites du mouvement ouvrier européen au premier XXe siècle, mais aussi l'errance, le désarroi, la souffrance de femmes et d'homme qui ont choisi, en ce temps là, le camp du communisme. Ainsi, le livre de Peter Weiss tient à la fois de l'élégie et du documentaire : il montre des vies tragiquement réduites au silence, à la solitude et à la folie, tout en insistant froidement sur les conditions objectives de la destruction (bombardements, exil, extermination, bureaucratisation du Parti communiste, etc.). La catastrophe y apparaît comme ce qui, par définition, pourrait être évité et, dans le même temps, comme une éventualité qui, éternellement, ne cesse de se produire : la gigantomachie de Pergame, qui hante toute L'Esthétique de la résistance, est là pour nous le rappeler...Que Héraclès manque à la frise - aucun héros ne viendra mettre fin à ce massacre perpétuel qu'est l'histoire - n'éteint pas, chez Weiss, l'espérance d'un salut par l'action politique et par l'écriture.

Mais pourquoi la résistance requerrait-elle une esthétique ? Parce qu'il est impossible de s'orienter dans la confusion des temps si la faculté de s'exprimer est anéantie : apathie, aphasie, paralysie, asthme, bégaiement, on rencontre, dans la fresque de Weiss, une foule de figures qui, de façon plus ou moins allégorique, sont menacées de perdre le langage, c'est-à-dire la capacité à s'approprier et à traduire concrètement leurs expériences. L'esthétique n'est pas seulement le refuge de la faculté de s'exprimer, mais le lieu de son renouvellement : en interprétant certaines œuvres d'art (celles de Bruegel l'Ancien, Picasso, Dürer, Kafka, Delacroix, Géricault, Dante, etc.), le narrateur et ses camarades (Heilmann, Coppi, Hodann, Ayschmann et les autres) apprennent à juger les événements effroyables et contradictoires dont ils sont les contemporains. Dans L'Esthétique de la résistance, chaque œuvre est rendue lisible par une situation historique déterminée (la victoire du fascisme, l'exil, la guerre, l'échec de la révolution communiste, l'exploitation de l'homme par l'homme) et les personnages n'y cherchent que ce qui pourrait les aider à mieux comprendre cette situation - en vue de la dépasser.

Pour notre adaptation, nous voulons être fidèle à tout ce qui, dans le roman, s'écarte d'un "commémorationnisme" facile ; en même temps, nous construisons, par ce travail avec les étudiant.e.s du groupe 47 de l'école du TNS, une généalogie théâtrale qui serait, aujourd'hui, notre propre arche de résistance.

Venez en tram ! En complicité avec la TAM, une navette bus gratuite pour un retour en centre-ville à l’issue du spectacle !
Après le spectacle de Sylvain Creuzevault, L’Esthétique de la résistance,
les vendredi 9 et samedi 10 juin, la navette bus est prévue au départ du Parking entrée Nord, rue de la Carriérasse, juste en-dessous de l’entrée publique au Domaine d’O.
Départ à 03h50 les 2 soirs : réservez en indiquant bien la date de votre choix à l’adresse suivante : web@printempsdescomediens.com . Votre billet sera à retirer avant le spectacle au guichet de billetterie à l’entrée du Domaine d’O.

Tarif B

Tarif plein : 30€
Tarif réduit 1 : 25€
Tarif Duo : 23€
Tarif réduit 2 : 16€
Tarif réduit 3 : 12€
Tarif jeune PCM : 9€

Horaires

  • vendredi 9 juin 22:00
  • samedi 10 juin 22:00

Distribution

Avec : Jonathan Bénéteau de Laprairie (Arvid Harnack), Juliette Bialek (Marlène Dietrich, Hélène Weigel, Ilse Stöbe), Yanis Bouferrache (Horst Heilmann), Gabriel Dahmani (le narrateur), Boutaïna El Fekkak* (la mère de Hans Coppi, Ruth Berlau), Hameza El Omari (Hans Coppi, Münzer), Jade Emmanuel (Marcauer, Joséphine Becker, Libertas Schulze-Boyzen), Felipe Fonseca Nobre (Jacques Ayschmann, Kurt Schumacher), Vladislav Galard* (Peter Weiss, Willi Münzenberg, Richard Stahlmann), Arthur Igual* (le père du narrateur, José Díaz Ramos, Bertolt Brecht), Charlotte Issaly (Otto Katz, Karin Boye, Margarete Steffin, Mildred Harnack), Frédéric Noaille* (Max Hodann, Jakob Rosner, Wilhelm Vauck), Vincent Pacaud (un.e associé.e de Katz, Herbert Wehner, Adam Kuckhoff), Naïsha Randrianasolo (la mère du narrateur, Edith Piaf, Anna Krauss), Lucie Rouxel (Charlotte Bischoff), Thomas Stachorsky (Nordahl Grieg, Maurice Chevalier, Haro Schulze-Boyzen, Harald Poelchau), Manon Xardel (un.e associé.e de Katz, Lise Lindbæk, Rosalinde von Ossietzky, Elisabeth Schumacher)

Scénographie et accessoires : Loïse Beauseigneur et Valentine Lê
Costumes, maquillage et habillage : Jeanne Daniel-Nguyen et Sarah Barzic
Maquillage et perruques : Mityl Brimeur*
Création et régie lumière : Charlotte Moussié
en complicité avec Vyara Stefanova*
Création et régie son et musique : Loïc Waridel
Création musiques originales : Pierre-Yves Macé*
Cheffe de chœur : Manon Xardel
Machinerie, régie plateau et cadrage vidéo : Léa Bonhomme
Création et régie vidéo : Simon Anquetil
Cadrage vidéo : Gabriel Dahmani
Régie générale et cadrage vidéo : Arthur Mandô
Dramaturgie : Julien Vella*
Assistanat à la mise en scène : Ivan Marquez

Production : Théâtre national de Strasbourg
Production déléguée : Le Singe (Élodie Régibier)

Peter Weiss est représenté par L’Arche – Agence théâtrale.

Le roman L’Esthétique de la résistance traduit de l’allemand par Éliane Kaufholz-Messmer est publié aux Éditions Klincksieck, 2017.

« À ceux qui viendront après nous », le poème représenté écrit par Bertolt Brecht en 1938 pendant son exil est publié dans le recueil Poèmes Tome 4 à L’Arche Éditeur (1966) dans une traduction d’Eugène Guillevic.

Remerciements à Jean-Gabriel Périot, réalisateur du court-métrage Under Twilight (2006), musique de Patten (Groupe), qui nous a autorisé à diffuser gracieusement des images de son film.

Les décors, les accessoires et les costumes sont réalisés par les ateliers du TNS.

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© Jean-Louis Fernandez

Prochaines dates
  • du 9 au 12 novembre 2023 : MC93 Maison de la culture de Seine-St-Denis à Bobigny