Focus : la filière artistique sur le territoire

L’accompagnement artistique de jeunes talents

Le week-end des 5 et 6 juin, le Printemps des Comédiens levait le rideau sur la quatrième édition de Warmup, fenêtre ouverte sur le travail en cours de compagnies émergentes, pour la plupart implantées en région Occitanie. Roxane Borgna, Jesshuan Diné, Françoise Dô, Julien Guill, Sophie Lagier, Lara Marcou donnaient à découvrir leurs différentes préoccupations, univers, approches artistiques, formes et esthétiques, à des publics visiblement ravis de retrouver le contact avec l'art vivant.

Organisé par Julien Bouffier, un groupe constitué de spectateurs, appelé « Beauregard », a suivi un parcours entre toutes ces propositions pour se prêter au jeu de livrer leurs impressions aux artistes, les aidant ainsi, à l'appui de ces premiers regards de publics, à trouver de nouvelles clés de lecture de leur propre travail.

Dans la perspective de renforcer cet accompagnement de la création contemporaine sur le territoire, et fort d'une première expérience fructueuse à l'automne 2020, le Printemps des Comédiens prend l'initiative de doubler l'événement Warmup dans l'année. Rendez-vous à la rentrée autour de nouvelles étapes de création, les 24 et 25 septembre !

Bord plateau inversé

Quand les artistes posent des questions aux spectateurs
Beauregard

Le projet de Warmup s’adosse à une expérience formidable avec des spectateurs : le groupe Beauregard.
Depuis trois ans, je constitue un panel de spectateurs hétéroclites pour assister aux chantiers du Warmup. Cette année, une petite dizaine de spectateurs a vu les six chantiers du week-end. Après chacune des étapes de travail proposées au public, notre groupe de spectatrices et spectateurs se réunissait avec les équipes artistiques pour partager avec eux ce qui les avait traversés. Voici un retour des chantiers de Warmup par les yeux et les voix de ces belles regardeuses et de ces beaux regardeurs.

Merci à Odette, Pauline, toutoune, Alice, Olivia, Jean-Claude et Agnès.

Julien Bouffier

Le mur du bassin a été pour moi le lien entre plusieurs spectacles et moi. Ce comédien qui escaladait ce mur, qui se laissait glisser sur ses pierres, qui souffrait pour arriver à son sommet et qui levait les bras pour nous faire participer à son exploit de l'avoir vaincu, m'a renvoyée à tous les murs construits, par d'autres, pour me protéger des autres, pour ne pas laisser l'autre pénétrer mon espace physique ou mental mais surtout tous les murs intérieurs que j'aie érigés pour me protéger du mal, des idées, pour ne pas me sentir responsable, être sourde aux débats, aux combats de toutes sortes auxquels j'étais invitée à participer avec d'autres.

Les différents chantiers m'ont obligée à regarder par dessus le mur pour vaincre le mur de l'oubli, pour regarder défendre ceux qui sont de couleur de peau différente, ceux qui ont subi un génocide dans un pays où pourtant la France avait amené ses drapeaux et ses idées, m'obliger à faire l'effort d'écouter et d'essayer de comprendre les textes des philosophes qui nous mettent en garde contre ces économistes qui nous font prendre des vessies pour des lanternes, ces hommes d'état faisant croire au monde qu'ils sont leurs sauveurs.

Ces chantiers m'ont aussi permis de retrouver la forêt, la nature, la poésie, la chanson, la beauté du geste comme antidotes à la noirceur des actes. Kandéra nous dit que si on sort d'un livre comme quand on y est entré c'est un mauvais livre, je suis heureuse d'avoir vu des chantiers de spectacles qui ont chahuté ce que j'étais samedi et dimanche, mais comment transformer l'art qui opère sur l'individu en un changement pour tous ?

Odette Michel, du groupe Beauregard

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