Warmup 2021 : Une fenêtre sur des travaux en cours

Est-ce que vous connaissez le Printemps des Comédiens ?

Oui. D’autant mieux que je vis à Montpellier depuis cinq ans. J’y suis allée tous les ans et j’ai vu des spectacles qui m’ont énormément marquée. Le Procès de Krystian Lupa, par exemple. Un vrai choc ! Le Festen de Cyril Teste. Des spectacles où jouaient des camarades aussi, je pense à Banquet Capital... Enfin, beaucoup de choses.

Votre projet ? Où en est-il ?

Je monte le texte de Fausto Paravidino, acteur, auteur, metteur en scène italien, qui s’appelle Genova 01. Il a été écrit à la suite du sommet du G8 à Gênes en juillet 2001 et du contre-sommet qui était organisé en parallèle. Le texte retrace ces deux événements avec les dérives, la répression, les violences policières et la mort d’un manifestant, Carlo Giuliani. C’est un texte politiquement engagé, comme tout le théâtre de Paravidino.

Il y avait longtemps que j’avais ce texte à côté de moi. Je m’étais toujours dit que j’en ferais quelque chose. Et puis j’ai trouvé qu’il résonnait fortement en ce moment. C’est un anniversaire aussi : vingt ans. Je me suis dit que parler de ces luttes-là était plus que jamais nécessaire.

J’ai donc choisi de travailler avec trois acteurs assez jeunes, entre 26 et 30 ans, même si on n’est pas dans une incarnation de personnages. Le texte est très choral : il mêle à la fois les faits, les articles de journaux, les enquêtes. On se répartit le texte un peu comme on le souhaite, selon ce qu’on veut raconter.

Pour ce qui est de son état d’avancement, nous allons présenter trente à quarante minutes du projet, vraisemblablement le début. Sur un spectacle qui durera à peu près une heure et quart. Mais je ne sais pas encore : ce sera fonction des répétitions. On a déjà répété deux fois dix jours, avant d’être interrompus par la crise sanitaire. Au moment du Warmup je pense que nous aurons 4 à 5 semaines de répétitions.

En quoi est-ce important de montrer un travail qui est à peu près à mi-chemin ?

Il y a plusieurs raisons : artistiquement, je trouve que c’est toujours très bien de se confronter au public quand l’objet n’est pas terminé. On est dans un autre rapport avec lui. Ça nous permet aussi de tester des choses, évidemment, voire de modifier la conception que nous pouvons avoir de la façon dont le spectateur reçoit le spectacle. C’est stimulant. Ça permet de rester ouvert. Et puis au sortir de cette période, nous avons vraiment un gros, gros besoin de faire notre métier et de le faire pour le public.

Ensuite il y a le côté production : nous étions en cours de montage avant que la crise sanitaire n’interrompe tout. Et la production n’est pas terminée. C’est donc une grande chance de participer au Warm Up pour montrer notre travail à des professionnels qui peuvent entrer soit en production, soit en partenariat avec nous.

Une fois descendue du plateau, redevenue spectatrice, qu’irez-vous voir dans cette édition du Printemps ?

Malheureusement je ne pourrai pas voir tout ce que je voudrais : j’ai une résidence d’une semaine en Lozère. Mais j’irai quand même voir le nouveau travail de Cyril Teste sur La Mouette ; Cristian Flores m’intrigue énormément parce que je trouve qu’il y a des résonances entre ce qu’il dit du Chili et notre propre travail sur Gênes. Un ennemi du peuple de Sivadier. Les Imprudents d’Isabelle Lafon. Et j’ai très envie de voir le Tempest Project de Peter Brook.

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Propos recueillis par Jacky Vilacèque.

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