Warmup 2021 - 5ème édition

Comment décririez-vous ce spectacle à plusieurs mains ?

A.H. Le titre complet est L’enfant, être à l’hauteur. C’est un spectacle conçu à partir d’un texte que Manon a écrit il ya plusieurs années, un recueil de nouvelles qui raconte la rencontre entre la narratrice et un enfant plus ou moins imaginaire. Il est un peu la métaphore de son écriture.

M.P. Il faut dire que j’ai toujours eu un rapport à l’écriture assez problématique. En tant que dyslexique, écrire est quelque chose qu’on ne peut pas faire. Pendant longtemps je n’ai pas écrit, parce que c’était très douloureux. Jusqu’à mes études où j’ai été amené à faire un mémoire sur l’écriture. Ensuite jusqu’à ce texte de L’enfant qui parle de la rencontre avec l’écriture et la façon dont elle m’a nourrie et m’a permis de développer un certain amour pour elle. Mais je l’apprivoise encore un petit peu.

Avec un goût pour le jeu sur les mots ? Je pense à votre titre : être à l’hauteur...

M.P. C’est quelque chose dont je ne rends pas forcément compte. Quand nous étions à la fac, on demandait à Anaëlle de corriger mes textes. Et un jour à Anaëlle a dit : « Mais où est-ce que je m’arrête dans la correction ? ». Parce qu’au-delà de l’orthographe, il y avait tous ces mots à la fois très proches du réel mais inexistants. Elle donc a arrêté les corrections parce que ça enlevait toute la singularité, toute l’identité des textes.

Il y a aussi dans votre spectacle deux enfants fictifs, Réglisse et Caramel. Qui sont-ils?

A.H. Réglisse et Caramel sont les noms que nous portons dans la pièce. Au fur et à mesure de la création, on a pris ces surnoms qui rappellent ceux qu’on peut se donner quand on est enfants. Avec aussi cette idée que ces noms ne disent rien du genre des enfants, fille ou garçon. Parce que dans ce spectacle on s’interroge aussi beaucoup sur notre identité : comment dans nos corps d’adultes, on peut essayer de retrouver quelques singularités de l’enfance ? A la fois ça crée une distance et permet de s’amuser de ces surnoms-là.

Il y a donc vous deux, alias Réglisse et Caramel ,mais aussi une compositrice sonore ? En quoi consiste son rôle ? Est-ce qu’elle compose une bande son différente à chaque représentation ?

M.P. La compositrice s’appelle Audrey Houdart, la sœur d’Anaëlle et dans notre idée, elle faisait partie du spectacle dès le début. Elle est en live à chaque représentation et elle conçoit des morceaux qu’elle assemble, qu’elle modifie au plateau. Elle est dans la même position que nous par rapport à l’écrit. C’est-à-dire que nous n’apprenons pas les textes : nous avons fait des stages avec des enfants sur la mémorisation pour voir comment la langue orale retravaille une langue écrite. Audrey est dans ce même processus : elle assemble ses pistes en fonction de l’énergie qu’elle ressent sur la scène.

Un mot de la vidéo et des souvenirs d’enfance qui y défilent ? Vrais, faux souvenirs ?

M.P. Vrais mais pas les nôtres ! Ceux de deux familles très proches avec chacune des enfants. On a choisi de travailler avec ces archives familiales parce que ça donne du relief à notre spectacle. Mais entre ce que se dit au plateau et ce que l’on montre en images - des images un peu abimées par le temps et donc d’autant plus crédibles -, on ne sait jamais qui est l’enfant, l’enfant de notre spectacle.

Quelle durée de spectacle allez-vous présenter à Montpellier ? Et quelle sera sa longueur finale ?

A.H. Une trentaine de minutes. Nous montrerons l’état de notre travail actuel. Ce sera comme un noyau de ce qu’on voudrait montrer au final sur environ une heure.

M.P. On aime bien à ce stade baptiser notre spectacle « échographie sonore ». L’idée est de montrer comment on fait épanouir ce fœtus qu’est déjà notre spectacle.

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Propos recueillis par Jacky Vilacèque.

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