La nuit pour voir

Notre façon toute personnelle d’agencer les images au cœur de notre sommeil ainsi que les fluides poétiques que drainent les rêves creusent le lit du projet de l’artiste, vidéaste avant tout, « artisan de l’image ». L’image filmique est ici envisagée comme pouvant prendre en charge l’inconscient d’une situation de plateau, se faisant ainsi son écho dans l’espace scénographique, ou son contrepoint. Se construire avec son monde, extérieur et intérieur, sa société, son histoire, sa famille, ses traumatismes et ses désirs, ses insomnies aussi, tel est le fil rouge que tisse La nuit pour voir, toujours à l’endroit d’une pulsion de vie. A partir de fragments de textes de l’œuvre d’Anne Dufourmantelle et s’inspirant de son histoire, se construit un jeu d’interprètes en trio – un petit garçon, une jeune femme, une femme – pour visiter un autre espace, entre images et mouvements, sons et sensations, rêves et réalité. Ainsi s’érige une forme de scénographie réversible ou renversée, qui navigue entre imbrications et retournements. Une attraction vers les profondeurs, un vertige aquatique.