Sous les paupières

Seule en scène, quoiqu’accompagnée des chansons de Pascal Sangla, si charnelles et tactiles qu’elles sont un partenaire en soi, Lou Chauvain retrace le parcours d’une enfance ordinaire et pourtant éraflée par le mal-être et les non-dits. L’héritage lourd des secrets de famille, le flot d’humiliations et d’injonctions déversé par l’école, le flou de la vie, de la mort, de la peine et du plaisir : tout cela mérite bien un refuge juvénile sous les paupières, dans un monde intérieur. Jusqu’au jour où il faut franchir cette frontière des paupières. C’est dans ce parcours, sain, joyeux et combattif, que la comédienne-performeuse nous emmène avec ce solo ébouriffant, dans une véritable mue, courageuse et persévérante, dans la brousse obscure de sa mémoire. Narratrice d’elle-même, elle joue de l’ambiguïté du langage pour coller à la peau de ses dédoublements de personnalité, tandis que la musique vient combler les trous d’un journal intime tramé de fragments tranché et d’éclats scintillants, reflets de toutes nos batailles tumultueuses dans les remous de la difficulté de vivre.