Tout le monde se ressemble

Le handicap définissant l’amoindrissement des possibles interactions entre un individu et son environnement, Il serait hypocrite (bien que dans l’air du temps) de comparer un parcours de mise en scène avec des actrices et acteurs en situation de handicap à celui d’une création hors de ces contraintes. A cet endroit, le travail de Brigitte Negro avec L’Autre Théâtre est exemplaire. Non seulement, elle ne nie pas ces difficultés, au même titre que les actrices et acteurs elles et eux-mêmes, en s’entourant notamment de personnel encadrant pendant le processus de création. Mais, plus encore qu’accueillir, elle sait magnifier ces différences, les transformer en atouts au plateau. En toute connivence avec la troupe, elle véhicule ce lexique corporel et verbal non ordinaire, qui débusque des émotions que le langage commun ne saurait faire émerger. 
En s’emparant du texte de Nicolas Vercken (Khta compagnie) : « On veut », les interprètes s’essaient à son appui à un travail d’improvisation, qui fait surgir des non-dits, désirs possibles ou impossibles. 
Qu’est-ce qu’on veut ? On veut : pas mourir ; pas la guerre ; être des ados ; ne pas être exploités ; pas d’extrémisme sauf l’apéro ; connaître des êtres légendaires, connaître Arthur Rimbaud ; on veut faire l’amour, on veut être un couple...
Dans une forme donnée au plus près du public pour qu’en émerge une complicité presque familiale, Brigitte Négro mêle ce travail issu d’essais des interprètes avec des lectures, un storyboard en live, une écriture chorégraphique avec des professionnels invités, une création musicale in extenso, au cœur d’un climat de confiance installé avec le groupe d’acteurs qui confère à la pièce une énergie inégalée.