Warmup 2021 - Une fenêtre sur des travaux en cours

Lara Marcou, est-ce que vous connaissez le Printemps des Comédiens ?

Je le connais bien sûr. Mais ma familiarité avec le festival est assez récente. J’y suis allée pour la première fois en 2019 et j’y ai vu deux spectacles : First Trip, la pièce que Katia Ferreira a tirée du film de Sofia Coppola, Virgin Suicides et Les dimanches de Monsieur Dezert de Lionel Dray. En fait j’avais plein de copains qui jouaient dans les deux spectacles.

Pouvez-vous résumer votre projet ?

Katherine Poneuve, c’est un personnage que je me suis inventé pour interpréter des chansons que j’ai écrites il y a une dizaine d’années. Elles traitaient toutes de mes rapports aux hommes, au fait d’être femme, mais de manière, je trouve aujourd’hui, assez stéréotypée. Au final je suis devenue assez critique sur ces chansons. Et du coup j’ai créé ce personnage parce que je ne me sentais plus de les assumer en tant que Lara Marcou : les relations ratées, les histoires d’amours un peu nulles que ces chansons racontent, ce n’est plus ma vie.

Je suis donc sur la piste d’un personnage qui serait un mix entre moi et Katherine Poneuve. Une femme qui aurait tout quitté, qui lâcherait tout mais sans forcément avoir de plan B. Qui est juste partie. Qui se retrouverait dans une sorte de forêt dont on ne sait pas vraiment si c’est une forêt imaginaire, celle de tous les contes, une vraie forêt. En tout cas une forêt qui lui permettrait de s’explorer elle-même.

Quelle forme cela prend-il ? Une série de chansons liées par des textes ? Un concert ?

Au départ je le pensais presque comme un concert, je voyais le personnage comme une chanteuse qui, peu à peu, interrogerait ses textes. Et puis, en travaillant, le théâtre et la danse se mélangent. Désormais c’est une proposition qui est très théâtrale dans le sens où il y a une dramaturgie, une histoire à raconter. Mais ce sont trois disciplines qui viennent se compléter, comme un relais entre les mots, le chant, la danse.

Et quel est l’état d’avancement du projet ?

Je pense qu’il doit y avoir encore sept semaines de travail. Je vais montrer une trentaine de minutes. Vingt minutes d’extraits, une dizaine de discussions avec le public s’il y a des questions, en tout cas d’explications sur la démarche.

En quoi est-ce important de montrer un travail inachevé ?

D’un point de vue créatif, je trouve que se confronter au regard de spectateurs qui ne connaissent pas l’histoire me permet d’avancer. Mais je ne fais pas un crash-test non plus : il faut que les vingt minutes soient présentables (rire). C’est important aussi pour la production. Trouver des producteurs, peut-être déjà des achats, c’est important aussi.

Une fois redevenue spectatrice, qu’irez-vous voir dans l’édition du Printemps ?

Beaucoup de choses. J’ai prévu d’aller voir le travail de Gildas Milin que j’aime beaucoup. L’homme de février est un des spectacles qui m’a le plus marquée quand j’ai commencé à étudier le théâtre. Il y a le travail de Jean-François Sivadier. Et La sexualité des orchidées : Sofia Teillet est une amie, on a même fait une scène ensemble. J’aimerais aller voir Un Hamlet de moins aussi, Dans la Foule, les pièces chiliennes à La Vignette. Beaucoup de choses, je vous le disais : c’est qu’on est assoiffés, on a faim après tout ce temps !

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Propos recueillis par Jacky Vilacèque.